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Paroles paysannes. La riposte de la Coordination togolaise des organisations paysannes et de producteurs agricoles

Au Togo, face au covid-19la CTOP organise des formations retrientes avec mesures barrières

Plus de 60% des Togolais et 95% des habitants des zones rurales sont employés dans le secteur agricole. La restriction des activités de collecte, de transformation ou de commercialisation, mais aussi les difficultés d’accès aux intrants, ont des incidences directes sur la capacité de subsistance d’une majeure partie de la population.

C’est pourquoi, dès avril 2020, la Coordination togolaise des organisations paysannes et de producteurs agricoles (CTOP) a établi un Plan global de riposte.

 

Entretien avec Arthur Zogan, Secrétaire exécutif de la CTOP

 

Le secrétaire exécutif, Arthur Zogan

Quelles sont les restrictions occasionnées par la lutte contre le coronavirus ?

Toutes les grandes villes sont bouclées, il n’est pas possible de se déplacer d’une préfecture à une autre sans laissez-passer. La plupart des grands marchés hebdomadaires sont restés ouverts mais se rendre en ville à partir d’une zone rurale n’est possible qu’au prix de beaucoup de tracasseries. La fermeture des frontières a donné un coup d’arrêt aux échanges avec le Bénin et le Burkina Faso voisins.

Peut-on mesurer l’impact ?

Les producteurs de maïs éprouvent des difficultés à vendre leur récolte. Or le maïs représente l’essentiel de la production et de la consommation nationale de céréales. La pêche en mer a été durement touchée, l’accès à la plage étant interdit. La filière avicole est fortement impactée aussi, car ses principaux clients, les restaurants et les hôtels, fonctionnent au ralenti. En ce qui concerne l’anacarde, près de 50% de la production a été bradée. De leur côté, les commerçants ne peuvent pas s’approvisionner comme d’habitude. La nouvelle campagne va arriver et les producteurs qui n’ont pas vendu n’auront pas les moyens d’acheter des intrants. La question se pose aussi de la livraison des intrants dans des points accessibles en zone rurale.

 

Organisation de points de vente à Lomé

Quelle est la réponse de la CTOP ?

Nous collectons 5000 tonnes de maïs et de riz pour les écouler dans des kiosques tenus par les commerciaux de la CTOP dans les grands quartiers de Lomé, au profit de 100.000 ménages vulnérables. La CTOP négocie actuellement avec les maires l’installation des 10 points de vente. Il faut aussi organiser la logistique et financer l’acheminement des produits vers Lomé. Les premières livraisons devraient avoir lieu dans les prochaines semaines.

 

Crédit d’intrants à taux 0 remboursable en nature

Certaines activités des services ont obtenu du gouvernement des subventions ? Est-ce le cas pour les agriculteurs ?

Des transferts monétaires sont accordés à des métiers dont les activités ont été arrêtées comme les artisans du Grand Lomé et Sokodé.

La CTOP demandait une subvention pour l’achat d’intrants des agriculteurs les plus impactés. En réponse, le gouvernement propose un crédit d’intrants à taux 0, avec la possibilité de rembourser en nature sur la récolte. Cela concernerait 512 000 petits producteurs des filières coton, riz, maïs et soja.

Le crédit devra être exclusivement employé à l’achat de semences et d’engrais pour une combinaison choisie d’une culture vivrière (maïs ou riz) et d’une culture de rente (coton ou soja) et pour une superficie d’un ha.

Etes-vous satisfait ?

Habituellement les taux sont entre 8 et 12%, voire plus, sans la possibilité de remboursement en nature. La mesure est donc plutôt bien accueillie par les producteurs. Bien entendu, il faut voir comment cela se passe sur le terrain, en particulier au niveau de l’enregistrement des exploitants, puisque le crédit sera accordé sous forme électronique. Nous allons donc suivre la mise en œuvre avec attention.

 

Livraison d’intrants en magasins de producteurs

Quelles sont les autres dispositions prises par la CTOP ?

Le financement n’est pas le seul problème. Il faut que les intrants soient accessibles aux producteurs. Généralement semences et engrais sont vendus dans les grandes villes, or celles-ci sont actuellement bouclées. La CTOP a commencé à identifier les magasins de producteurs en zone rurale où ils pourraient être commercialisés. Le dispositif est bien avancé et nous négocions les prix avec les fournisseurs, le Groupe DEC-SA qui, dans le cadre d’un accord cadre signé avec la CTOP, fournira près de 42 500 tonnes d’engrais dans les magasins des coopératives

 

Lutte contre la pandémie

Kits et bidons hydroalcooliques distribués aux OP

Kits et bidons hydroalcooliques distribués aux OP

 

La CTOP accompagne aussi les fédérations d’OP dans l’adoption des mesures barrières ?

Elles sont déjà en place dans de nombreux lieux, notamment dans tous les marchés à bétail. Mais si les gestes barrières sont désormais connus de tous, ils ne sont pas toujours rentrés dans les habitudes. C’est pourquoi, en plus des émissions radio animées par des leaders paysans, la CTOP envisage de mettre en circulation, des véhicules sonorisés pour diffuser le message aux producteurs dans au moins 20 préfectures sur les 39.

C’est important car la pandémie, qui semblait circonscrite aux villes, gagne maintenant les campagnes. Outre le problème de l’approvisionnement en eau potable, il nous manque du matériel de désinfection mais la CTOP, les OP et les producteurs font tout pour que la campagne soit bonne malgré tout et se réalise dans les meilleures conditions sanitaires.

Mesures barrières face au covid-19 CTOP

Mesures barrières face au covid-19

 

La Coordination togolaise des organisations paysannes et de producteurs agricoles (CTOP) défend les intérêts des producteurs agricoles du Togo, toutes filières confondues. Elle regroupe les faitières du pays, soient environ 550 000 membres, répartis en 20 organisations paysannes associatives ou syndicales couvrant une filière ou un territoire.