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« Le lait en poudre est facile à trouver. Le lait local devrait l’être aussi ». Interview de Modibo Sidibé, responsable agricole malien.

Les dossiers d’Afdi (Dossier « Lait » Partie 3)

Modibo Sidibé est vice-président de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait du Mali. Cette organisation agricole, créée en 2006, a pour objectif de promouvoir la commercialisation du lait local sur le marché malien. Il nous présente les grands enjeux de la filière dans ce pays, où le niveau de consommation de lait par personne est un des plus élevé en Afrique de l’Ouest.

Quelle est l’importance du lait au Mali ? 

Au Mali, le lait fait partie de nos habitudes de consommation. Traditionnellement, il est consommé le soir sous forme de bouillie, comme un dessert. Le Sahel est une région d’éleveurs et c’est une habitude pour nous de consommer notre production. Les familles urbaines aisées consomment aussi de plus en plus de lait.

Quelles sont les priorités de votre organisation pour le développement de cette filière ? 

Nous pensons que la priorité est d’améliorer l’accès au marché de nos produits. Il faut en améliorer la qualité, le conditionnement et la visibilité. Nous avons un système coopératif solide et il faut que nous en profitions pour qu’une partie de la production sorte du circuit purement informel. Le lait en poudre est facile à trouver. Le lait local devrait l’être aussi.

Quels sont les enjeux des producteurs locaux face aux importations de poudres de lait ? 

Actuellement, il y a de la place sur le marché à la fois pour la poudre de lait et le lait local. Tant que l’accès au lait frais est difficile pour le consommateur, il se contente du lait en poudre. Le lait local a néanmoins un énorme potentiel qu’il faut que nous exploitions dans les 10 prochaines années. Pour y arriver, la priorité est l’amélioration génétique des races bovines locales et je me félicite que le Mali initie un programme de développement de l’insémination artificielle. Grâce à l’amélioration de notre production, je suis persuadé que les ventes du lait local vont exploser. Je suis très confiant dans l’avenir de notre filière.

Est-ce que les investissements d’entreprises laitières étrangères peuvent être profitables aux producteurs laitiers maliens ? 

A ma connaissance, il y a peu d’entreprises qui investissent au Mali et transforment du lait local. Les seuls investissements que j’observe sont des petites unités de reconditionnement du lait en poudre. Elles ont des impacts importants sur le marché, puisque leur production est en concurrence directe avec notre production. Nous observons que les poudres de lait utilisées viennent de partout : Etats-Unis, Europe, Nouvelle Zélande, et même de Chine. Cette concurrence est un fait, mais pour développer la filière laitière locale il faut d’abord que nous ayons confiance en nous-mêmes. Il y a des ressorts sur lesquels nous devons agir pour que le lait local s’impose sur notre propre marché !

Propos recueillis par Stéven Le Faou, responsable Pôle information d’Afdi

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